| 8 VIDÉO-INSTALLATION 
                    ET ANIMATION ARCHÉOLOGIE 
                    DU PRÉSENT VIDÉO-INSTALLATION 
                    ET ANIMATION Investigation 
                    électronique de la rue Guénégaud Paris. GALERIE 
                    GERMAIN PARIS  MAI 
                    1973   Commentateurs/Reporters/Archéologues 
                    du présent : Vilém Flüsser,  Pierre 
                    Restany, René Berger et différentes personnes 
                    anonymes.   CONCEPT, 
                    FINALITÉ :  
                    1- Le projet initial prévoit une découverte 
                    de la rue sur toute sa longueur (190 m) en la plaçant 
                    continûment sous lil de caméras vidéo 
                    en circuit fermé. Ces différentes caméras, 
                    installées par sections perpendiculaires à la 
                    rue, en couvrent la totalité de la longueur. Chacune 
                    des caméras renvoyant sur un moniteur dans la galerie 
                    une section, elle-même mise bout à bout avec 
                    les autres récepteurs. Lensemble des récepteurs 
                    disposés dans la galerie étant destiné 
                    à " reconfigurer " en quelque sorte, 
                    en parallèle, lespace de la rue selon certaines 
                    heures de la journée. Organisation/désorganisation 
                    dans la chronologie du déplacement linéaire 
                    et continu des passants et des automobiles dans une rue à 
                    sens unique se présentant un peu comme un " boyau " 
                    organique de circulation. Établissement dun système 
                    de relation en temps réel juxtaposant la réalité 
                    physique de la rue à sa représentation cathodique " reconstruite " 
                    dans la galerie. 2- 
                    Le deuxième projet initial envisage de relier la galerie 
                    Germain, rue Guénégaud, à la galerie 
                    Stadler, rue de Seine, deux pâtés de maisons 
                    plus loin, dans le même quartier, afin de constituer 
                    un " espace unique " et une communication 
                    visuelle de deux publics simultanés, à distance, 
                    à travers linterface dun écran géant. Les 
                    deux projets doivent être rapidement abandonnés, 
                    le service de voirie de la Ville de Paris ayant refusé 
                    la délivrance des autorisations nécessaires 
                    pour déployer des câbles à travers lespace 
                    urbain.   DISPOSITIF 
                    DU PROJET RÉALISÉ : 1 
                    télémégascope Dassault, 3 caméras 
                    TV Grandin, 10 moniteurs 18 pouces, 2 démodulateurs 
                    Syder, 1 magnétoscope Sony CV 2100 ACE, 1 magnétoscope 
                    Sony AVC 3200 CE, 1 pointeuse Dehocadet, 1 horloge numérique 
                    dator 6 RS 220 volts, 1 projecteur Kodak SAV 250 w, des objets 
                    divers dans les poubelles de la rue Guénégaud 
                    entre le 15 et le 30 avril 1973, entre 5 heures et 7 heures 
                    du matin.  
                      DÉROULEMENT 
                    :  Une 
                    caméra extérieure couvre en permanence la rue 
                    dans la sens de la longueur vers les quais de la Seine, face 
                    au flot des voitures. Limage captée est renvoyée 
                    dans la galerie, projetée directement sur le mur blanc 
                    de droite en noir et blanc (la couleur nexiste pas encore
). 
                    Limage livre en temps réel un continuum dinformations 
                    de caractère fondamentalement imprévisible. 
                    Et cest cette " imprévisibilité " 
                    même qui en constitue un facteur de fascination et émotionnel 
                    très puissant. Au-delà de ce " donné 
                    à voir ", ininterrompu dans sa contingence 
                    brute, le dispositif invite à une réflexion 
                    sur notre rapport au temps. En effet, lartiste a peint 
                    en lettres rouges sous limage projetée sur le 
                    mur cette mention : " À cette époque-là 
                    la rue Guénégaud était
 ". 
                    Le direct de limage en temps réel est donné 
                    à voir ici comme sil sagissait dune 
                    image en différé
 Le spectateur se voit 
                    donc placé par la proposition de lartiste dans 
                    une situation distancée où son " présent " 
                    est vécu et appréhendé dans la perspective 
                    historique dun passé résolu. Le passage 
                    successif du visiteur de la rue, où il est " objet " 
                    sur lécran, puis dans la galerie où il 
                    acquiert le statut de " sujet ", et son 
                    retour enfin à la rue comme " objet ", 
                    provoque différents états temporels, juxtaposés 
                    et successifs qui modifient sa situation et jouent sur sa 
                    pensée. Le dehors est mis dedans et inversement car 
                    une caméra à lintérieur de la galerie 
                    met cette image en vitrine, tournée vers lextérieur. 
                    Selon les points de vue, la perception de lespace et 
                    du temps sen trouve modifiée. Le temps, par ce 
                    jeu de miroir où lartiste intervient se voit 
                    reconfiguré et perturbé de manière inexorable. 
                    Le médium électronique mis en uvre ici 
                    sous cette forme par Forest fonctionne comme un instrument 
                    de questionnement de notre vécu et de lespace-temps. 
                    Lhorloge, lhorodateur, comme les objets récupérés 
                    le matin même dans les poubelles de la rue sont donnés 
                    comme des repères et des traces visuels dune 
                    archéologie quon peut qualifier dautopsie 
                    électronique du présent.
   BIBLIOGRAPHIE 
                    : " La 
                    télévision en partage " dossier N° 
                    3, ( I. D.E.R.I.V. ) Institut dÉtude et de  Recherche 
                    en Information Visuelle, sous la direction de Jacques Monnier-Raball,  
                    École des Beaux-Arts de Lausanne, 1973, avec des textes 
                    de Pierre Restany, René 
                    Berger,  Edgar 
                    Morin, Vilém Flüsser, Fred Forest. " La 
                    rue Fred Forest ", François Pluchart, Combat, 
                    21 mai 1973, Paris. " Lobjet 
                    télévision ", Maurice Achard, Combat, 
                    8 mai 1973, Paris. " Rue 
                    Guénégaud ", Gilles Février, 
                    Saltimbanque, 23 mai 1973. " Dis-moi 
                    ce que tu jettes
 ", Philippe Bouvard, France-Soir, 
                    7 mai 1993. " La 
                    rue Guénégaud de Fred Forest ", Marie-Claude 
                    Volfin, Les Nouvelles Littéraires, 
                    14 mai 1973, Paris. " Forum 
                    des Arts ", Télévision Nationale 2e 
                    chaîne, André Parinaud, diffusion 13 
                    mai 1973. ^ |